Postures professionnelles

 

La qualité des postures professionnelles de l’évaluateur est un élément clé pour  permettre la participation active des familles au service d’un mieux-être de l’enfant. Elle prend appui sur une implication et un engagement des intervenants pour dépasser les représentations, les tensions et les émotions de tous les protagonistes liées aux sujets abordés dans le cadre de la prévention et de la protection de l’enfance.

L’évaluation en protection de l’enfance a pour finalité d'apporter aide et soutien aux familles ou d'ajuster l'accompagnement existant, afin de leur permettre de répondre suffisamment aux besoins de leur enfant.

Les professionnels soulignent l’importance de 1 :

  • Rassurer et sécuriser l’enfant, sa famille ; baser l’échange sur la confidentialité et la transparence, en veillant à l’âge, au degré de maturité de l’enfant,
  • Laisser la place à la parole de l’enfant et à celle de chacun des membres de sa famille, être à l’écoute,
  • Etre simple dans les échanges : « Ne pas se présenter comme celui qui sait, parler le même langage, les mêmes mots ne veulent pas toujours dire la même chose pour tout le monde, se mettre au niveau de l’enfant, de la famille. Partir d’eux, de ce qui s’est passé depuis le dernier entretien, ce que chacun en a retenu. »,
  • Mettre l’enfant et les parents en première place, tenir compte de leur temporalité, de leurs expériences et de leur vécu,
  • Écouter avec empathie, sans jugement (« partir de leurs émotions, de comment ils se sentent »),

Se concerter, ne pas rester seul et échanger les informations dans la limite des règles du secret professionnel et de l’autorisation du partage d’informations à caractère secret.

En ce qui concerne le partage des éléments recueillis et les observations du professionnel ils peuvent l’être avec des pairs ou des partenaires selon le cadre règlementaire de référence car toute personne accompagnée par un service ou un établissement social, médicosocial ou sanitaire bénéficie du droit au respect de sa vie privée.2 

Le partage d’informations entre professionnels permet de réunir puis de croiser les informations dans l’objectif d’apporter une aide efficace à la famille et aux professionnels référent d’une situation, d’intervenir. Il "évite aux familles d’avoir à répéter moult fois leur histoire, contribuant à provoquer un sentiment de solitude et une perte de confiance".3

Le secret professionnel est encadré notamment par l'article 226-13 du code pénal . Concernant  le partage d’informations, il est autorisé dans de conditions très strictes par l'article L226-2-2 du code de l’action sociale et des familles et par le Code de la santé publique pour le partage d’informations de santé à caractère personnel.  

Le partage d’informations à caractère secret (et non le secret dit « partagé », formulation sans fondement juridique) se révèle nécessaire à une prise en charge efficace des personnes dans le cadre d’une collaboration utile et féconde des professionnels pour une offre coordonnée.

Dans tous les cas, l’autorisation au partage n’est jamais absolue ; elle doit toujours être dans l’intérêt de la personne concernée. Dès lors, toute levée du secret doit être mesurée, c’est-à-dire nécessaire, pertinente et proportionnée par rapport à l’objectif poursuivi dans le partage. 


1 En référence aux travaux menés en 2017 dans le cadre de la mise en œuvre du PPEF en Ille et Vilaine

2  Cf. Art 8 de la convention européenne des droits de l'homme, Art.9 du code civil, Art. L.311-3 du CASF et la charte du 08.09.2003 des droits et libertés de la personne accueillie.

3 Article « secret partagé en protection de l’enfance », Muriel EGLIN, vice-présidente chargée des fonctions de juge des enfants au TGI de Bobigny, secrétaire adjointe de l’association française des magistrats de la jeunesse et de la famille. ENFANCES & PSY, éd ERES, 2008/2, N°39, ISBN 9782749209036 https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2008-2-page-65.htm